Nicolas Dupont-Aignan et l’indépendance de la BCE

« Si on sort de l’Euro, on ne sera plus prisonnier de la Banque Centrale européenne qui, vous le savez, n’a pas le droit de prêter directement aux États. Et donc on pourra se refinancer auprès de la banque de France à 0 %, sans passer par les marchés financiers. »

Nicolas Dupont-Aignan, candidat aux présidentielles 2012 et 2017, émission télévisuelle « On n’est pas couché » du 8 octobre 2011.

Partisan d’une sortie de l’euro, le président du parti « Debout la France » semble disposer d’un formidable argument : l’abandon de la monnaie commune permettrait à la France de prendre le contrôle de sa banque centrale pour financer sa dette à taux nul.

Un tel mode de financement serait loin d’être gratuit pour le citoyen. Comme expliqué dans la collection : La finance au cœur de nos vies, le fait de monétiser la dette, c’est-à-dire de créer la monnaie pour régler les factures, ne tarde pas à se traduire en inflation. Cette pratique érode le pouvoir d’achat et agit comme une taxe sur les consommateurs. On assiste généralement à un creusement des inégalités sociales.

Ce procédé pose par ailleurs des problèmes de responsabilisation du gouvernement. L’État peut être incité à recourir à la dette plutôt qu’à l’impôt, si impopulaire. Lorsque les bons du Trésor arrivent à échéance, il suffit d’exiger de la banque centrale qu’elle émette de nouveaux bons du Trésor, au lieu de rembourser l’ancien par l’impôt. Le danger est que la dette s’accumule et que l’inflation s’accélère.

Dans le pire des cas, l’État n’a strictement plus aucune incitation à gérer correctement ses comptes publics et sociaux. Ce qui risque de se terminer en désastre économique, social et politique, comme actuellement au Venezuela. L’émission excessive de monnaie de la part d’un gouvernement désireux de financer gratuitement ses dépenses n’est pas un phénomène nouveau. David Ricardo (1772-1823), l’un des économistes les plus influents de l’école classique, l’énonçait déjà en 1817 :

« L’expérience prouve […] que toutes les fois qu’un gouvernement ou une banque a eu la faculté illimitée d’émettre du papier-monnaie, ils en ont toujours abusé. »